Vous avez été plusieurs à me demander comment je fonctionnais en ateliers par mail ou en commentaires, voilà pourquoi aujourd’hui je me décide à faire un article. Jusqu’à maintenant je ne tenais pas spécialement à la faire pour plusieurs raisons :
- j’enseigne en CP dédoublé et ce sont donc des conditions particulières
- mon fonctionnement est loin d’être un modèle
- mon emploi du temps n’est pas du tout idéal
Voici pour commencer une journée type en période 1 et période 2.

(Il y a deux colonnes parallèles parce que nous travaillons en binôme, avec deux groupes de 13, alternativement dans la grande salle avec TBI, ou dans une petite salle sans TBI)
En mathématiques, j’utilise les séances de Maths au CP des éditions Accès, mais pas le fichier.
En lecture, j’utilise Lecture Piano : le manuel, mais pas le fichier d’exercices. Je fais des fiches très simples pour que les élèves gardent l’habitude de faire un peu de travail écrit (repérer le phonème, le graphème, lire une syllabe/un mot, encoder une syllabe/un mot)
En périodes 1 et 2, je travaille un graphème sur deux jours.
Il y a 4 temps d’apprentissage :
- Temps 1 (matin du jour 1) : la découverte du graphème et un travail sur la combinatoire (décodage de syllabes)
- Puis 30 minutes d’ateliers lecture (pas forcément sur le graphème qu’on vient d’étudier, chacun va à son rythme)
- Temps 2 (après-midi du jour 1) : encodage de syllabes puis lecture des syllabes du manuel et par deux les élèves manipulent la piano
- Temps 3 (matin du jour 2) : encodage de syllabes et de mots, puis lecture des mots du manuel.
- Ensuite 30 minutes d’ateliers lecture
- Temps 4 (après-midi du jour 2) : au début de l’année, petite fiche d’exercices très basique (repérer le phonème, le graphème, compléter avec une syllabe, encoder un mot) pusi temps consacré à la lecture de phrases : en effet, peu à peu les élèves sont de plus en plus autonomes avec leur fiche d’exercices, ils peuvent alors la faire seuls ou avec moi sur les temps d’ateliers (je leur distribue la fiche à l’issue du temps 1, ils gèrent leur temps pour la faire sur deux jours)
A partir de janvier, quand nous commençons les graphèmes complexes, nous gardons ces 4 temps mais sur 4 jours (le matin) car je ne fais plus qu’un graphème par semaine, et ainsi l’après-midi nous pouvons commencer de la lecture sur album.
Sur ces temps d’ateliers, chaque élève se gère, grâce au cahier d’ateliers qui favorise l’autonomie. Je suis disponible pour tous les enfants, soit pour donner une consigne, soit pour valider une compétence, soit pour aider, donner un coup de pouce, ou suggérer un tuteur (et aussi pour les moucher, refaire leurs lacets, leur faire un câlin parce que c’est long une matinée sans papa et maman)
Les 5 petits cercles dans chaque case du cahier d’ateliers sont cochées par l’élève à chaque fois qu’il réalise l’activité : cela me sert à visualiser ce que chacun fait, même si la compétence n’est pas encore validée. Il n’est pas obligatoire de faire chaque activité 5 fois, si l’enfant réussit du premier coup je valide la compétence.
Pour valider la compétence, l’enfant vient me voir, et me montre ce qu’il a fait ou me lit ce qu’il y a à lire. Je colorie alors l’étoile avec mon magnifique feutre doré qui fait son petit effet.
Les activités sont rangées dans des boites et enveloppes diverses et variées (merci Action, Gifi et Noz), regroupées par ceintures dans une étagère. Quand c’est possible, j’imprime les ateliers sur du papier de la couleur de la ceinture, sinon je colle une gommette de couleur.

Dans ma classe les deux étagères sont côte à côte. Les porte-revues en carton font de super séparateurs, à aligner, ou à empiler. Les pochettes ziploc ou ikea sont aussi très pratiques pour ranger des petites cartes. J’utilise aussi des pochettes range-CD.
En mathématiques le fonctionnement est similaire : après un temps collectif sur ardoise ou en manipulation, les élèves partent sur les ateliers qu’ils choisissent eux-mêmes en fonction de leur progression.
Je ne fais pas d’évaluations trimestrielles. Je rencontre les parents individuellement pour leur présenter le cahier d’ateliers de leur enfant.

Voici en vrac des questions qu’on m’a posées et les réponses que j’ai apportées
N’hésitez pas à en poser d’autres 🙂
« Chaque atelier est imprimé en un seul exemplaire ? Comment gères-tu ces temps (est-ce que tu contrôles que chacun soit bien en train de travailler ? Est-ce que tu te poses avec les élèves les plus en difficulté ? Comment gères-tu ceux qui trichent pour les ateliers autocorrectifs ?) Comment valides-tu que l’atelier est bien réalisé ? »
Les ateliers de la ceinture blanche sont imprimés en 3-4 exemplaires (j’ai 13 élèves). Lors des temps d’ateliers, chacun se met volontiers au travail donc le contrôle des activités n’est pas nécessaire. Je tourne tout de même dans la classe pour relancer, répondre aux questions, encourager, aiguiller … Au début de ce temps je prends 10 minutes pour me consacrer à mon élève en grande difficulté, les autres savent grâce au sablier que je ne suis pas disponible du tout. Il y a assez peu de triche (mais ça arrive), alors j’explique que ça ne sert à rien, que c’est juste pour s’entrainer, pour progresser. Je fais refaire l’activité en regardant l’élève pour qu’il me montre ce qu’il sait faire tout seul.
« Est-ce que tu mets à disposition toutes les ceintures en même temps? »
Oui, dès le début d’année ; d’une part j’ai de très gros écarts de niveau(enfant déjà lecteur vs. enfant qui connait 3 voyelles en capitales) et d’autre part cela leur permet de visualiser tout ce qui est à accomplir au cours de leur année.
« Est-ce que tu donnes des fiches de lecture supplémentaires pour lire à la maison ? »
Non. Pour moi, l’intérêt du manuel c’est de faire des économies de papier ; au fil des années j’ai vraiment ralenti ma consommation de papier et je vous invite tous à essayer de faire de même 😉
« Si tu donnes en début d’année tout le visuel de tes ateliers comment fais-tu concrètement pour amener une progression (1 ceinture = quel laps de temps ?)
J’imagine que la mise à disposition du matériel est limitée dans le temps ? »
Tous les ateliers restent à disposition autant de temps que nécessaire, certains vont passer très rapidement à la ceinture verte, d’autres auront besoin de passer beaucoup de temps sur les ceintures rose et blanche, peu importe : ce qui compte c’est que chacun progresse à son rythme et sache vers quelle activité se diriger pour pouvoir avancer. Je ne fixe pas d’échéance.
Comme les ateliers suivent la méthode de lecture: tu les proposes au fur et à mesure lorsque les sons sont vus? (soit 2 ceintures par période environ ?)
Tous les ateliers sont mis en place dès le début de l’année : certains élèves arrivent déjà lecteurs ou quasi-lecteurs, cela leur permet d’avancer plus vite que la programmation de lecture. Si besoin j’explique individuellement un graphème ou une consigne qui n’auraient pas été encore abordés.
Comment gères-tu la lecture d’albums avec Piano ? Tu achètes les petits albums de la méthode ? As-tu le temps de faire lire le manuel en lecture du soir + lecture d’albums ?
Concernant la lecture d’albums : pour moi, les mini-albums de la méthode ne sont pas très intéressants à étudier. J’en ai quelques uns que je mets à disposition dans mes ateliers, ça reste de l’étude du code et ils ne sont pas riches. Je préfère attendre la P3 pour travailler sur des vrais jolis textes (« Tu lis où ? » ; « Mon chat Ouma » ; « Rouge ! » etc …), et privilégier Narramus en P1 et P2 (et je continue tout au long de l’année).
En P1 et P2, comme on fait 2 graphèmes/semaine, je ne fais pas de lecture sur album (juste travail de compréhension orale avec Narramus). En P3, on passe à un graphème/semaine et là j’ai du temps pour faire de la lecture sur album (2 textes par semaine).
Comment introduis-tu les ateliers ? Comment expliques-tu ce qu’il faut faire pour chacun au départ, d’autant que tu introduis toutes les ceintures en même temps ?
Pour la ceinture blanche, il y a très peu d’activités ; donc en début d’année, sur un temps de regroupement, je donne les consignes des 5 ou 6 ateliers. Par la suite, comme les activités sont déclinées sur plusieurs niveaux, les consignes n’ont plus à être expliquées. Quand un enfant aborde une activité qui n’a jamais été faite, je prends quelques minutes pour l’expliquer à 2-3 élèves qui en sont au même point. Ce qui aide aussi beaucoup c’est le tutorat, les plus avancés peuvent expliquer un atelier à un camarade.